EN QUÊTE

un projet de Laurent de Richemond, Stéphanie Louit, Boris Szurek

avec : Laetitia Langlet, Stéphanie Louit, Stephan Pastor, Laurent de Richemond, Nicolas Rochette, Boris Szurek

création théâtrale / écriture du réel / art et science

premières étapes de recherche / missions "in situ" / 2024-2025

du 18 au 30 Novembre 2024 : La Réunion / Madagascar

du 08 au 14 Novembre 2025 : Marseille

du 06 au 13 Décembre 2025 : Kenya

recherche et création

2025 / 2026 / 2027 / 2028

Théâtre - Art et Science

une écriture du réel autour du travail de recherche du Dr. Boris Szurek

(microbiologiste, directeur de recherche en biologie comportementale à l’IRD de Montpellier)

une recherche artistique s'inscrivant dans le projet international "SABRE"

(Stopper l’Attaque de la Bactériose vasculaire du Riz Émergente dans l’océan indien)

production : Compagnie Soleil Vert / coproduction : IRD Montpellier - Projet SABRE

partenaires de production et de diffusion en cours pour la création du spectacle en 2027 / 2028

Quête :

(du latin quaerere : chercher) Action par laquelle on cherche à trouver, à découvrir… Recherche obstinée de quelqu’un, de quelque chose… Action du chien ou du chasseur qui cherche la voie du gibier… Action de demander et de recueillir des dons, des aumônes pour soi ou pour les pauvres…

Enquête :

Recherche de la vérité par l’interrogation de témoins et la réunion d’éléments d’information… Recherche effectuée pour faire la lumière… Opération qui a pour but la découverte de faits, l’amélioration des connaissances ou la résolution de doutes et de problèmes… Recherche poussée d’informations avec le but de l’exhaustivité dans la découverte, et volonté de rendre public ces informations collectées… Ensemble des investigations relatives à la commission d’une infraction… Le terme « enquêter » a donné aussi le dérivé « histoire » (recherche, connaissance acquise par l’enquête, récit)

Bactérie :

Micro-organisme formé d'une seule cellule, sans noyau, à structure très simple, considéré comme ni animal ni végétal. La bactérie se divise pour se reproduire, elle n’a pas besoin d’un autre.

un désir partagé de rencontre entre la science et l'art

par Dr. Boris Szurek - microbiologiste, chercheur en phytopathologie, coordinateur du projet SABRE

Je suis biologiste de formation et directeur de recherche à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement). Je dirige une équipe de recherche qui étudie les mécanismes moléculaires, génétiques et évolutifs qui sous-tendent l’adaptation de microorganismes phytopathogènes (comme les bactéries) à leur environnement, c’est à dire les plantes dont elles dépendent pour croître et se multiplier.

C’est en me laissant emporter dans la tourmente du théâtre que je pris conscience que Laurent de Richemond est autant un chercheur que moi ! Nous parlons la même langue, et nous sommes habités par la même folie et la même intranquillité propres à ceux qui foulent des terres inconnues, et qui doutent en essayant de comprendre, et qui recommencent, et qui échouent, et qui se relèvent encore et encore, et dont le visage s’illumine quand enfin, après une infinie quête, et tant d’impossibles, ils découvrent une toute petite pièce de l’immense puzzle.

Et puis nous sommes tous les deux fascinés par les mystères du vivant dans lesquels nous puisons d’infinies sources d’inspiration pour créer, raconter, et comprendre le monde.

Nous étions faits pour nous entendre.

J’ai été marqué par le parallèle entre nos deux mondes, celui de la quête scientifique et celui de la création théâtrale. L’issue réside souvent dans l’exercice de reprendre, de recommencer, de tâtonner, mais aussi de suivre son intuition pour au final arriver à quelque chose et aboutir in fine à ce que d’aucun considère comme l’essence même de la vie et d’autres un non-sens, une perte de temps.

L’artiste et le scientifique tiennent un rôle un peu à part dans nos sociétés.

Nos démarches et nos centres d’intérêt se rencontrant, s’est alors imposée comme une nécessité celle de travailler ensemble pour que l’artiste qui vibre en moi et le scientifique qui tonne en lui puissent s’exprimer, et révéler la beauté et la force poétique de nos expériences. Et les partager.

Mon désir de travailler avec Laurent de Richemond vient donc du fait que le scientifique que je suis trouve en l’homme de théâtre qu’il est, un formidable alter ego. Je suis extrêmement désireux et curieux du regard qu’il portera sur mon monde et sur mes recherches, sur leur sens, sur les choix de ma vie de chercheur… Je m’attends à ce que de cet exercice résulte une remise en question et une nouvelle énergie créatrice. Je suis véritablement curieux de cette épreuve promise de mise à nu théâtrale, de cette « monstration »

Boris Szurek

SABRE

(Stopper l’Attaque de la Bactériose vasculaire du Riz Émergente dans l’océan indien)

présentation du projet scientifique

La production du riz dans l’Océan Indien voit depuis peu sa stabilité être menacée par l’émergence récente d’épidémies à bactériose vasculaire (BLB), une maladie causée par une bactérie phytopathogène dont l’impact sur les rendements peut atteindre jusqu’à 30% de pertes.

Alors qu’elle n’était présente qu’en Asie et en Afrique de l’Ouest, la BLB a pour la première fois été décrite en 2019 à Madagascar et en Tanzanie.

Suite à ces observations, un suivi épidémiologique annuel réalisé jusqu’en 2023 dans ces deux pays a permis de montrer que la BLB avait envahi la Tanzanie et Madagascar en un temps record. Selon des études de terrain menées en 2023 au Nord de la Tanzanie, des taux d’incidence de la maladie de l’ordre de 90% ont été enregistrés dans certaines parcelles avec des pertes de production de près de 50%.

Une analyse phylogénomique a été entreprise afin de déterminer l’origine des souches responsables de ces phénomènes d’émergences en Tanzanie et à Madagascar, révélant que ces dernières étaient très proches de souches originaires d’Asie. Ces résultats suggèrent fortement que la bactériose a été introduite à Madagascar et en Tanzanie de façon accidentelle via des semences contaminées provenant d’Asie.

L’ensemble de ces résultats résulte d’étroites collaborations menées depuis plusieurs années que nous souhaitons décliner sur l’ensemble de la sous-région en incluant d’autres pays potentiellement à risque.

Si le mode de transmission de ces souches reste à élucider, les données illustrent bien le problème de porosité des frontières entre pays avoisinants s’agissant des maladies des plantes en général, et en particulier pour la bactériose vasculaire du riz.

De manière générale, nos données montrent que la production de riz dans l’Océan Indien est menacée par l’émergence de souches originaires d’Asie particulièrement agressives

Le projet SABRE (Stopper l’Attaque de la Bactériose vasculaire du Riz Émergente dans l’océan indien) vise à mettre en place un programme régional d’épidémio-surveillance de la BLB afin de prévenir l’expansion de ce fléau qui menace la durabilité de la riziculture dans l’océan indien, et par conséquent la sécurité alimentaire des pays concernés.

Pour ce faire SABRE est structuré selon plusieurs actions :

  • création d’un réseau d’épidémio-surveillance au niveau régional

  • échantillonnage de la BLB dans les régions rizicoles des pays cibles

  • amélioration du diagnostic de la BLB

  • analyse de la diversité génétique

  • rôle des semences dans la transmission de la BLB

  • identification des variétés de riz locales les moins sensibles à la BLB

Notre programme de recherche vise à réduire l’expansion des épidémies notamment via la sélection de variétés résistantes localement, et la mise en place d’un contrôle sanitaire optimisé des semences et la surveillance et l’éradication d’éventuels foyers d’infection.

…trouvant pourquoi, ne trouvant plus, retrouvant, ne retrouvant plus, ne cherchant plus, cherchant encore, ne trouvant rien, trouvant enfin, ne trouvant plus, parlant toujours, assoiffé toujours, cherchant toujours, ne cherchant plus, parlant toujours, cherchant encore, se demandant quoi, de quoi il s’agit, cherchant ce qu’on cherche, cherchons quoi, c’est vrai, essayons de savoir, avant de chercher, ce qu’on cherche…

Samuel Beckett - « L’innommable » (extrait)

« EN QUÊTE »

présentation du projet par Laurent de Richemond - metteur en scène, directeur artistique de la Compagnie Soleil Vert

artistes et scientifiques : « la curiosité » au coeur d’un territoire commun

Il existe un proverbe qui dit : « La curiosité est un vilain défaut ». On peut quand-même se demander pourquoi cette affirmation ?

Les artistes comme les scientifiques aiment passionnément fouiller les recoins cachés et délaissés, ouvrir les boites à secrets, soulever des pierres, et s’aventurer dans les pièces obscures.

La curiosité, c’est ce qui nous pousse à faire des découvertes, à révéler des secrets, à créer des mondes, et à questionner et mettre en doute ce que nos yeux voient ou ce que notre cerveau pense (et sans cette remise en question de notre perception des choses, Einstein n’aurait jamais élaboré sa théorie de la relativité générale, et Jérôme Bosch n’aurait jamais peint Le Jardin des Délices…)

Moi c’est par curiosité (et peut-être aussi un peu par jalousie) que je suis fasciné par la science, et admiratif des scientifiques et de leur travail. Alors, aujourd’hui, le défi de ce projet théâtral sera d’affirmer que la science peut être une véritable matière de création artistique !

Avec « EN QUÊTE », nous partirons à l’aventure, nous chercherons à établir notre campement au croisement partagé où la démarche scientifique rencontre la démarche artistique.

La curiosité sera le moteur fondamental de nos explorations.

C’est très enthousiasmant de pouvoir écouter et regarder un scientifique, un chercheur, qui déroule le fil de sa pensée. C’est passionnant de questionner ce mouvement à l’œuvre, et de jeter des passerelles, de construire du lien entre le monde des arts, de la recherche et de la science. Et c’est aussi très excitant pour un scientifique de pouvoir franchir une frontière en mettant son travail, sa pensée, ses recherches en dialogue avec une expérience artistique et sensible, en mettant ainsi son réel « en jeu ».

Les artistes et les scientifiques se rejoignent dans une quête commune : celle de comprendre et d’interroger les choses au-delà des apparences dans une démarche créative qui les pousse à sortir des sentiers battus, à inventer de nouvelles façons de raconter le monde.

Dans le domaine artistique, la créativité se manifeste dans la recherche de nouvelles formes, de nouvelles esthétiques, de nouvelles manières d'exprimer des idées, des émotions ou des questionnements. L’artiste est libre de jouer avec les codes, de réinventer le réel afin de percevoir le monde sous un autre angle. Cette liberté d’exploration peut donner lieu à une démarche fondamentalement expérimentale dans laquelle les conventions sont remises en cause et de nouveaux outils de compréhension du monde sont créés.

Le scientifique se retrouve lui aussi face à des mystères. Sa démarche est certes guidée par une méthodologie rigoureuse, mais elle nécessite également une grande dose de curiosité créative pour résoudre des problèmes complexes, formuler des hypothèses nouvelles et faire des découvertes qui ne naissent pas seulement d'une observation purement rationnelle du monde, mais qui dépendent également d'une capacité à l’imagination, à penser au-delà des paradigmes établis.

Si les méthodes des artistes et des scientifiques diffèrent, leurs quêtes sont souvent similaires. Que ce soit avec les outils de la raison, ou en s’appuyant sur l'intuition et la subjectivité, dans les deux cas, la curiosité les pousse à interroger le monde, et à y voir plus qu'une simple surface.

Le lien entre la créativité artistique et scientifique réside dans cette capacité à ouvrir des portes vers de nouveaux territoires. Et c’est cette curiosité créative qui fait avancer aussi bien l'art que la science. Elle est le moteur de l'évolution des idées et des formes.

Notre territoire commun, c’est ce désir et cette nécessité de créer et d’être créatif, de vouloir agir avec une certaine idée de l’utilité et du bien commun (voire même avec une motivation à changer un peu le monde…), et de se sentir animé par ce sentiment de participer à quelque chose d’important qui transforme un peu la vie et le regard des gens…

Ce territoire en commun, c’est bien celui d’une quête.

comment ça se passe concrètement ?

La proposition de ce projet est de nous intégrer - en tant qu’artistes - dans une aventure scientifique concrète, afin de développer une recherche, une expérience théâtrale, et élaborer une création artistique qui puisse rendre compte différemment des enjeux scientifiques et de la réalité du projet SABRE (aventure humaine, questions scientifiques, problématiques de terrain, territoires de recherches…)

Bref créer un spectacle qui témoigne d’une rencontre entre l’art, la science, et les gens.

Alors comment agir cette rencontre ? Quelle forme théâtrale pourrait en faire la « monstration » ? Comment créer à partir de toute cette matière un objet artistique singulier ?

« EN QUÊTE » est un projet de création théâtrale, qui s’inscrit dans le volet « Art & Science » du projet scientifique « SABRE » (Stopper l’Attaque de la Bactériose vasculaire du Riz Émergente dans l’océan indien) porté par l’IRD / La Réunion (Institut de Recherche pour le Développement)

Cette création se construira et s’écrira en amont des répétitions du spectacle à proprement parler, dans un travail d’enquête, d’investigations, de recherches, d’observations, et d’interrogations In Situ, principalement basé sur les rencontres du projet SABRE à Madagascar et à La Réunion (Novembre 2024) et au Kenya (Décembre 2025).

Ce projet prendra comme sujets d’études la personne et le travail du Dr Boris Szurek (microbiologiste, chercheur en phytopathologie, directeur de recherche à l’IRD), ainsi que des personnalités de l’équipe des chercheurs qui composent le projet SABRE avec lesquels nous partagerons sur les 3 années du projet (2025-2027) les missions de recherches scientifiques sur les territoires de Madagascar, du Kenya, du Mozambique, et de la Tanzanie

Dès Novembre 2024 et jusqu’à fin 2027, Stéphanie Louit et Laurent de Richemond vont mener cette enquête.

Ils accompagneront les scientifiques, afin de nourrir leur réflexion, récolter de la matière, et poser les bases de la forme théâtrale qu’ils travailleront en parallèle avec l’équipe artistique du spectacle (acteurs et techniciens du projet).

Les chercheurs, les scientifiques qui participent au projet « SABRE », les gens que nous rencontrerons au fil de l’aventure, les populations impliquées par ces enjeux de contamination bactériologique du riz, les acteurs du terrain, bref tous ces gens seront les objets de notre curiosité et de nos interrogations.

Nous souhaitons construire une forme théâtrale kaléidoscopique, composée à la fois par des écritures du réel, mais aussi avec des éléments fictionnels et d’étrangetés, voire même parfois avec un peu de surréalisme,… Bref nous voulons créer un spectacle « curieux », dans tous les sens de ce terme (à la fois étrange et suscitant l’intérêt.)

Notre démarche artistique sera entièrement intégrée au projet « SABRE » et nous prendrons pleinement notre part (à notre manière et avec notre regard) aux missions de terrain, aux recherches, et aux questionnements qui en découlent. Toute la matière récoltée (textes, enregistrements, vidéos, etc…) nous mènera à l’élaboration d’une dramaturgie théâtrale singulière.

Au début de notre enquête nous poserons aux scientifiques des questions relativement simples en apparence :

Parlez-nous de ce que vous faites ? C’est quoi exactement votre travail ? Ça se passe comment concrètement pour vous ? C’est quoi votre vie dans un laboratoire ? C’est quoi votre vie sur le terrain ? C’est quoi votre histoire personnelle ? C’est quoi vos désirs, vos difficultés, vos rêves et vos obstacles ? Parlez-nous de vous, de vos recherches, de votre vie…

Les réponses à ces questions nous mèneront finalement à d’autres questions, d’autres tentatives de réponses, et surtout à l’émergence d’une parole théâtrale.

une création du spectacle à La Réunion

Cette création vise à donner une lecture du monde de la recherche scientifique via le prisme des questionnements et du regard singulier et poétique des artistes.

Ouvrir les portes des laboratoires et des expériences de terrain à des artistes permettra aussi de vulgariser et de rendre accessible les enjeux de la riziculture dans la région de l’Océan Indien : enjeux scientifiques, politiques, socio-économiques, enjeux de territoires, enjeux alimentaires, enjeux humains,…

Ce spectacle doit permettre au grand public d’accéder à une expérience théâtrale de vulgarisation scientifique ludique et concrète.

Le projet « En Quête » sera le fruit d’une collaboration en écriture mobilisant des artistes professionnels et amateurs, ainsi que la contribution des scientifiques du projet SABRE.

Des périodes de travail et de répétitions impliquant tous les participants de ce projet artistique auront lieu en métropole (principalement sur Marseille et Montpellier), à Madagascar, et à la Réunion, tout au long de la période active de 3 ans du projet SABRE (2025-2027)

La phase finale de la réalisation du projet se concrétisera par un temps de résidence à La Réunion (3 semaines envisagées) suivi de la création du spectacle sur la saison théâtrale 2027 / 2028 (dans le cadre de la restitution finale du projet SABRE à La Réunion prévue entre Avril et Juin 2028)

Nous sommes actuellement en cours de recherche de partenaires de production, et de résidence pour la création de ce projet sur le territoire Réunionnais.

Nous avons sollicité à ce jour trois lieux culturels de La Réunion pour la création de ce spectacle :

  • Le Théâtre « Les Bambous » à St Benoît : Scène conventionnée d’intérêt national « Art et création » dédiée aux expressions d’aujourd’hui.

  • Le Théâtre « Le Séchoir » à St Leu : Scène Conventionnée d’Intérêt National « Art en territoire »

  • Le CDNOI (Centre Dramatique National de l’Océan Indien) à St Denis

Nous cherchons aussi à nouer des partenariats de coproductions et d’accueils en résidences avec un (ou des) partenaires de production en Métropole (Région SUD et Occitanie)

Et nous souhaitons aussi développer ce projet en collaboration avec l’Institut Français de Madagascar accompagnant l’association « Nouvelles Scènes Madagascar - NSMLabo » dirigée par Vony Ranala avec laquelle nous sommes déjà en partenariat sur ce projet.

Nous avons à coeur que ce projet de création théâtrale puisse véritablement s’inscrire dans un travail de territoire et pouvoir se créer dans un partage entre les acteurs et actrices de la Compagnie Soleil Vert, les scientifiques et chercheurs du projet SABRE, des artistes du territoire de l’Océan Indien (La Réunion, Madagascar,…), des participants amateurs et professionnels de La Réunion, ainsi qu’un travail avec des collégiens Réunionnais.

C’est pourquoi le travail de 3 semaines de résidence sur le territoire de La Réunion est essentiel pour cette création.

Cette période de résidence à La Réunion serait aussi l’occasion de mener des ateliers avec des collégiens afin de les sensibiliser via une approche artistique aux enjeux de la recherche en agriculture dans l’Océan Indien et à la Réunion, notamment via la mise en place de laboratoire temporaire de biologie moléculaire et de microbiologie

L’idée étant que la pédagogie scientifique puisse donner lieu à une restitution théâtralisée dont les collégiens seraient pleinement les acteurs. (par exemple, un atelier d’extraction ADN sur des fruits, serait une bonne porte d’entrée pour initier ce travail.)

Actions artistiques, et socio-culturelles du projet « En Quête » :

  • Co-écriture avec tous les acteurs scientifiques du projet SABRE (Madagascar, Tanzanie, Kenya, Mozambique, La Réunion, Métropole) et les artistes de la Compagnie Soleil Vert

  • Création partagée avec des artistes professionnels (Métropole, La Réunion, Madagascar), ainsi qu’un groupe de participants amateurs et habitants du territoire (participants issus du territoire réunionnais pour la création du spectacle)

  • Résidences de travail avec nos partenaires en Métropole

  • Ateliers Art&Science destinés à la Jeunesse (temps de travail au cours de la période de résidence à La Réunion)

  • Résidence de travail, et création du spectacle à La Réunion (« Les Bambous », CDNOI, « Le Séchoir »)

  • Spectacle créé dans le cadre de la restitution finale du projet SABRE

  • Diffusions ultérieure du spectacle sous différentes formes (en Métropole, et à Madagascar)

un « théâtre de l’expérience »

J’ai toujours cherché à fabriquer des spectacles qui puissent nous faire vivre une expérience réelle. J’aime partir à la recherche d’une écriture théâtrale qui excite et dérange un peu le concept tranquille de la « représentation » afin que les gens n’aillent pas au théâtre seulement pour consommer un objet culturel, mais qu’ils y aillent aussi pour vivre en commun une expérience de sens, de pensée, et d’émotion.

Reste alors à savoir le regard que l’on convoque, et l’expérience que l’on propose…

Au théâtre, les histoires n’ont pas besoin d’être systématiquement incarnées par des personnages pour pouvoir exister, alors je propose souvent aux acteurs de construire leur présence sur scène en partant d’eux-mêmes. Nous pouvons alors fabriquer du théâtre avec des matériaux à priori non théâtraux afin de faire émerger une parole qui ne repose pas intégralement sur une écriture fictionnelle préexistante.

Je voudrais échapper au simple témoignage ou à la conférence, pour mettre en jeu le processus de recherche et d’enquête en lui-même. Je voudrais expérimenter une articulation entre recherche artistique et scientifique, en créant une forme théâtrale qui puisse en rendre compte.

Que ce soient au travers de domaines de recherches sur la biologie comportementale, le mimétisme dans l’organisation d’une collectivité de bactéries parasites, les interactions des plantes avec leur pathogènes… Toutes ces recherches tournent finalement autour de la question des communautés organiques et des associations du vivant.

Et ces questions sont éminemment théâtrales et profondément artistiques.

Nous chercherons à faire émerger des formes poétiques, mais aussi des questionnements philosophiques et sociétaux.

Nous nous mettrons à l’affût de tout ce qui peut faire résonner la recherche scientifique avec la brutalité du monde.

une « écriture du réel »

Qu’est-ce que c’est une « écriture du réel » au théâtre ?

C’est d’abord une écriture qui s’invente dans la relation, en se frottant à l’expérience, en fouillant ces zones de mystères et d’invisibles qui se cachent en chacun de nous.

C’est sortir du témoignage pour aller vers la création d’un langage poétique, vers une fiction qui se déplie de l’intérieur.

C’est tenter de faire vaciller, de questionner notre rapport au monde.

C’est apprendre à écouter, à résister à l’identification trop facile, à cultiver notre curiosité, à accepter de se perdre un peu…

C’est se retrouver face au réel comme face à un abîme.

C’est s’affronter à l’invisible, au tâtonnement, à la difficulté du comment dire.

Bref, c’est faire « L’expérience de l’autre ».

Une écriture du réel ne nie pas du tout l’imaginaire qu’elle porte en elle.

Nous travaillons sur une zone frontière entre fiction et non fiction.

Il faudra alors soulever et poser toutes les questions sans trop savoir ce que l’on va trouver.

Il faudra lire, interroger, aller sur place, visiter, se renseigner, se documenter.

Et puis rencontrer des gens pour savoir comment leurs mots traversent le réel, et en rendent compte.

Écrire une expérience sensible de l’altérité. Désirer faire des rencontres qui débordent des cadres, des étiquettes, et des territoires cloisonnés. Inventer d'autres jeux, avec d'autres joueurs. Imaginer des règles nouvelles.

intentions de mise en scène

Je voudrais que ce spectacle puisse faire exister théâtralement l’importance de la recherche scientifique dans notre monde.

Je voudrais créer un spectacle qui nous place réellement face à cette question :

Est-ce qu’on peut faire vraiment confiance à la science, à la recherche scientifique, aux scientifiques ?

Est-ce que ça a vraiment de l’importance pour notre monde ce que cherchent les scientifiques, et ce qu’ils sont ?

J’ai envie de mettre en scène un espace d’hostilité, d’accusation, et de défense. Créer une forme théâtrale où puisse s’exprimer la mise en doute du monde envers tous ces gens : les scientifiques (mais aussi les artistes).

Une expression des préjugés envers la science, et envers l’art.

Et du coup une mise en cause et en question du projet « SABRE » lui-même.

Les scientifiques seront placés théâtralement dans une obligation de s’expliquer, de défendre leur travail.

Pour mettre en jeu tout ça, les scientifiques seront joués par des acteurs, (mais aussi par des scientifiques dans leur propres rôles). Ils seront mis en accusation avec des injonctions, des obligations de s’expliquer, de se justifier, de se défendre ; et c’est une bonne manière théâtrale pour faire entendre et expliquer les choses !

Ils devront justifier leurs métiers, leurs recherches, leurs passions, leurs doutes, leurs émotions, leurs histoires, leurs parcours…

Les acteurs/actrices professionnels du projet défendront à la fois leur réalité d’artistes, mais aussi leur rôle incarnés de scientifiques - chaque acteurs et actrices devront incarner et défendre un ou des personnages inspirés de personnes réelles rencontrées, interviewées, dans le projet SABRE (scientifiques, paysans, etc…)

Les accusateurs, les gens du monde, seront joués par des participants amateurs (8 acteurs actrices volontaires pour participer à ce spectacle). Ils devront accuser, agresser, questionner, juger ces scientifiques (et le projet SABRE).

Ces figures seront des empêcheurs de tourner en rond, des gens malveillants, injurieux, suffisants, sûrs de leur pouvoir, des dominants, des gens dangereux, des ennemis, des procureurs, des inquisiteurs, des complotistes, des gens qui posent des questions, des gens qui demandent des explications, des gens qui ne comprennent pas, des gens qui doutent des enjeux de cette recherche…

Cette confrontation entre ces deux parties devra générer une « folie » à l’issue de laquelle une raison devra s’exprimer.

Depuis le début, j’ai souhaité faire un spectacle qui ne puisse pas se réduire à un simple exercice théâtral de vulgarisation scientifique. J’ai néanmoins tout à fait conscience de l’espace dans lequel ce projet de création s’inscrit, et que l’endroit où nous nous engageons doit aussi transmettre « quelque chose » de l’importance du projet SABRE.

Ce projet théâtral engage :

  • un scientifique / acteur : Boris Szurek

  • un metteur en scène / acteur : Laurent de Richemond

  • 4 acteurs et actrices de Métropole : Stéphanie Louit, Stéphane Pastor, Laetitia Langlet, Nicolas Rochette

  • 1 actrice Malgache : Vony Ranala

  • 8 participants amateurs et volontaires (intégrés au spectacle à l’issue d’un atelier)

Nous partirons d’une fiction théâtrale. Nous partirons du postulat d’un monde dans lequel l’action des scientifiques (et aussi des artistes) est à priori suspecte…

Dans ce spectacle, le scientifique et l’artiste seront mis en accusation. Ils seront contraints de devoir justifier leur travail sous peine de condamnation publique.

Bref le scientifique et l’artiste doivent absolument se défendre !

Notre spectacle sera basé sur cette confrontation avec le monde.

Laurent de Richemond

Distribution

La distribution du spectacle sera une rencontre entre acteurs professionnels et amateurs

Les acteurs amateurs

La figure centrale de ce spectacle sera Boris Szurek (acteur amateur, responsable du projet scientifique SABRE)

Nous espérons aussi convaincre de participer au spectacle d’autres scientifiques du projet SABRE.

Leur présence sur scène pourra se jouer soit en réel, soit par l’intermédiaire d’une présence par la vidéo, ou par des enregistrements audio.

Nous voulons aussi intégrer au spectacle des acteurs amateurs volontaires

Nous souhaitons intégrer au spectacle une équipe de 8 amateurs.

(travail de répétition - à définir - en amont des représentations)

Les acteurs amateurs seront principalement convoqués à travailler sur une Figure

La Figure au théâtre est un espace intermédiaire entre la personne et le personnage

Cela repose sur l’idée qu’à partir de soi-même on peut représenter bien plus que soi-même

Les acteurs professionnels

Laurent de Richemond, Stéphanie Louit, Laetitia Langlet, Nicolas Rochette, Stephan Pastor, Vony Ranala

Ils travailleront à la fois sur des figures réelles (issues de rencontres réelles avec les scientifiques du projet SABRE), mais aussi sur des personnages fictionnels (composés à partir du travail scientifique, et des gens rencontrés)

Et tout le monde traversera et partagera des paroles extraites de « L’Innommable » de Samuel Beckett.

Notes et idées prévisionnelles en vrac…

« Don Quichotte » de Miguel de Cervantès

Cette oeuvre sera une référence littéraire dans ce projet à travers la question de la quête, de la croyance, et de la relation au réel. Les personnages de Don Quichotte et de Sancho pourront faire des apparitions dans le spectacle. Des paroles extraites du texte pourront être dites

« Les Shadoks » et la science

La science et la logique Shadok pourront aussi exister par irruption dans le spectacle, déstabilisant toute logique rationnelle... « S’il n’y a pas de solutions, c’est qu’il n’y a pas de problèmes »

L’art de la dispute

Nous nous intéresserons particulièrement aux conflits et aux rapports de pouvoir : les ambitions personnelles, la relations parfois difficile de l’individu avec le collectif, les complexes de supériorité des uns, et les frustrations des autres, les besoin de reconnaissance, les combats de coqs et de poules… Les engueulades entre chercheurs (ou entre artistes) peuvent générer des situations très drôles (par exemple un engueulade qui éclaterait entre deux scientifiques dans la file d’attente d’une cantine, avec les plateaux repas entre les mains…)

Au travers de ces conflits, nous voulons mettre en valeur « l’art de la dispute ». Car tout cela nous renvoie finalement aux modes de fonctionnement de toute collectivité humaine…

L’art d’être parasite

Nous nous inspirerons dans ce spectacle de la logique parasitaire. Le but ultime du parasite étant de se rendre indispensable !

L’invention d’une langue

Nous souhaitons écrire un texte à partir de tout ce que nous ne comprenons pas dans le langage et la parole des scientifiques et de tous les gens que nous rencontrerons au cours de cette aventure. Ce texte sera incompréhensible, comme une langue imaginaire composée à partir de choses tout à fait réelles… Nous collectionnerons tout ce que nous entendrons et que nous ne comprenons pas ! Cela ira du langage et des références scientifiques, à la langue Malgache, en passant par nos propres incompréhensions… Nous écrirons à partir de ça une parole incompréhensible, peut-être, mais qui composera une sorte de musicalité poétique, des conversations improbables, et sûrement drôles…

exemple de scène possible

Un interrogatoire musclé dans un commissariat

Boris Szurek sera interrogé de manière musclée par des policiers et enquêteurs afin de l’obliger à s’expliquer, à expliquer son travail, à répondre aux questions qu’on lui pose avec une lampe dans la gueule,… Comme un criminel, il ne sera pas libéré avant que l’on ait compris qui il est, ce qu’il fait, ce qu’il cherche…

pistes scénographiques

L’espace sera quadrillé au sol par 50 plans de riz (factices) sur des supports modulables (afin de changer leurs positions en fonction des séquences)

Un système permettra de faire pleuvoir du riz

Des appareils de cuisson (Rice Cooker) cuiront et réchaufferont du riz en permanence. Riz qui pourra être mangé par les acteurs au cours du spectacle

Des frigos ou des sortes de coffres à congélation s’ouvrant et se refermant régulièrement en évacuant des nuages de fumée produites par de la neige carbonique

création vidéo

Une installation vidéo sur scène permettra de projeter des images de paysages, de lieux, de moments de vies à Madagascar, comme faire apparaître en gros plan des interventions de personnes et personnages qui nous parlent directement ou interagissent avec les acteurs sur scène. La vidéo nous permettra de faire exister et donner une place sur scène aux gens important dans ce projet (personnalités rencontrées au cours de nos missions, chercheurs, personnalités interviewées, membres de l’équipe SABRE, etc…)

création sonore

Elle sera créée à partir de matériaux enregistrés sur place (entretiens, enregistrements volés, sons et musiques de Madagascar, ambiances, etc…)

MADAGASCAR

par Stéphanie Louit - actrice, collaboratrice artistique

Pour une raison que j’ignore : Madagascar s’est toujours imposé dans ma vie.

En octobre 1999, j’avais 22 ans et ma licence de psychopathologie en poche, je suis allée m’installer à la Réunion pour y passer un concours mais comme j’étais pauvre, je suis partie à Madagascar où j’y suis restée 5 mois. « Les voyages forment la jeunesse » dit-on et c’est en effet dans ce pays que je m’y suis en quelque sorte rencontrée et formée pour le reste de ma vie.

Je l’ai arpenté du nord au sud, à l’instinct et j’ai pris le réel en pleine tête : j’y ai découvert la prostitution décomplexée, les pierres précieuses, les petites îles « paradisiaques » vendues pour en faire des complexes touristiques, la misère, le choléra, les tsyngys, la marqueterie, les cyclones, le famadihana, les blattes géantes, les taxi-brousses, les cauchemars sous Savarine, le style musical Malgache, les lémuriens, les billets de 25000 francs, les vestiges de la colonisation française, l’ambre de cachalot, la bilharziose, les légendes, les baobabs, j’ai nagé avec les tortues, fait de la pirogue, j’ai dit « mora mora », portée des sandales en pneu de camion, conduit une AX dans le sud désertique, j’ai versé sur le sol de la bière pour les Anciens, j’y ai croisé plusieurs fois la mort, la mienne et celle des autres, je pensais ne jamais y retourner.
J’y retournerais pourtant bientôt, 20 ans plus tard, et je devrais me confronter à ce qui a changé.

Madagascar s’est toujours imposé dans ma vie.

Laurent de Richemond et moi, on part à l’aventure et j’ai hâte de voir aussi le pays à travers ses yeux. Nous ferons ensemble des images, des vidéos, capterons des sons, des musiques. Nous enquêterons sur les croyances et sur les connaissances paysannes liées à cette bactériose du riz en posant des questions droites et directes « Pourquoi le riz est malade ? Qu’est-ce qui le rend malade ? » car enfin les scientifiques ont leur idée mais peut être que cette épidémie n’est autre qu’un sortilège…

Stéphanie Louit

production : Compagnie Soleil Vert / coproduction : IRD Montpellier - Projet SABRE

partenaires de production et de diffusion en cours pour la création du spectacle en 2026-2027